Interview

Nicolas MARTIN (Team Sigvaris Trail)

Nicolas MARTIN (Team Sigvaris Trail)

Palmarès Trail 2014/2015

7ème des championnats du monde de Trail (2015)
8ème des championnats de France de montagne (2015)
2ème au Trail du Ventoux (2015)
13ème au Trail du grand Luberon (2015)
Vice-champion de France de trail (2014)
Vainqueur de l'OCC (2014)

L'interview :

1. Quand et pourquoi as-tu choisi de pratiquer le trail en compétition ?

J'ai commencé le trail en 2005 environ après avoir découvert la course à pied par hasard. J'ai commencé à courir régulièrement en parallèle avec ma pratique du football. J'accompagnais mon cousin qui faisait quelques raids d'orientation. Toutefois, je considère que j'ai réellement eu une démarche compétitive à partir de 2010 lorsque j'ai décidé d'avoir un coach personnel (Patrick Bringer). C'était surtout une prise de conscience après le trail du Nivolet Revard 2010 que j'étais loin des meilleurs.

2. Quel trail t'a laissé le plus beau souvenir ?

C'est difficile de sortir un seul souvenir car je n'ai jamais remporté de titre majeur. Les championnats du monde 2015 du week end dernier est un souvenir très récent et fort. J'ai partagé une superbe aventure humaine avec toute l'équipe, le staff et avec mon entraîneur. On a remporté le titre par équipe, c'est un copain de l'équipe qui devient champion du monde et Patrick prend la 3ème place. Sur le coup, je n'ai pas vécu un moment très fort car ma course personnelle était un peu ratée (7ème) mais avec le recul, je me dis « Waouh, quel privilège de vivre ces moments !». Franchement, porter le maillot national donne une autre dimension à la pratique sportive. Sinon, les Templiers 2012 (4ème) et mon titre de vice champion de France 2014 sont les autres moments forts.

3. Sur quel trail as-tu le plus souffert ? Pourquoi ?

Sur le coup, on se dit toujours que c'est le pire moment en se disant « Plus jamais ça ! ». Heureusement, pour nous, le cerveau oublie assez vite ces moments et on repart souvent pour une nouvelle aventure.
Le trail de la Côte d'Opale 2012 est peut être le jour où j'ai connu ma pire journée de sportif. J'ai crampé à la mi course sur un parcours où il faut courir vite. Il faisait très chaud, j'ai eu toutes les peines du monde à boucler les 3 derniers kilomètres.
Malgré tout, je considère la souffrance comme partie intégrante du sport de compétition. Être bon, c'est être fort physiquement mais aussi être capable d'endurer une souffrance insupportable pour la majorité des gens. C'est valable en compétition mais aussi sur certaines séances d'entraînement. Je reste persuadé qu'intégrer cet état de fait à savoir que la souffrance est une composante de la performance est un palier pour devenir un meilleur sportif. Pour autant, il ne faut pas chercher à « se faire mal » en permanence. C'est une question d'équilibre pour durer dans le temps.

4. Quels sont tes prochains trails ?

Ce week end, je participe aux championnats de France de course en montagne pour aider mon club à conserver le titre par équipe conquis l'an dernier. A titre personnel, mes ambitions sont très mesurées car la semaine dernière, j'ai couru 8h40 pour les championnats du monde.
Ensuite, le programme n'est pas défini hormis 2 objectifs qui sont la CCC et les Templiers. Pour le reste, ça sera à l'envie et en fonction de ce qu'on juge opportun pour m'amener à mon meilleur niveau sur les courses majeures.

5. Combien de séances d'entraînement effectues-tu par semaine ?

Entre 7 et 10 séances pour les semaines classiques lorsque je travaille et que je n'ai pas de compétition proche. Sinon, en vacances, ça peut monter jusqu'à 12 séances avec un volume plus important en particulier en vélo qui est un sport chronophage. Toutefois, je ne considère pas que le volume d'entrainement soit un critère pertinent pour en évaluer sa qualité. Il faut trouver le bon équilibre entre le volume et la qualité pour amener les meilleures réponses de la part de notre corps.

6. Quelle est selon toi la séance d'entraînement primordial pour progresser en trail ?

S'il existait une séance clé, ce serait assez simple. J'ai envie de dire que si on tente de schématiser, il faut prendre en compte le passé sportif du coureur.
Prenons un coureur issu de l'athlétisme, il risque d'être au point au niveau de la VMA. Il faudra axer le travail sur des sorties plus longues pour préparer le corps à l'effort spécifique du trail. Au contraire, un montagnard qui aime courir en montagne aura besoin de séances plus axées sur le développement de la puissance aérobie.
Pour faire simple, je crois qu'il faut axer sa prépa autour de plusieurs cycles. L'hiver, il semble important de développer ou d'entretenir la VMA en couplant avec un travail sérieux de PPG. Ensuite, on passera à des séances plus longues à mesure qu'on s'approche de la saison.
Dernier point, il faut intégrer une place non négligeable au repos surtout après les courses. Pour les plus boulimiques de l'effort, on va privilégier les sports portés dans les semaines de récupération.

7. Dernière question : Pour toi « l'esprit trail » c'est quoi ?

Vaste question ! Je ne crois pas qu'il existe vraiment. C'est surtout une sorte d'argument marketing. Je côtoie des coureurs de tout horizon. Des pistards, des routards, des crossmen, des montagnards, des skyrunners ou encore des trailers et sincèrement, je ne vois pas une différence d'esprit entre ces catégories. Peut-on seulement classer les athlètes ? J'aime courir quelque soit la discipline. Je crois que cet amour du sport, de l'effort physique anime tout athlète.
Le trail est, en partie, le reflet de notre société et on trouve toutes sortes de caractère. Il y a des gens qu'on rencontre avec plaisir et d'autres moins.
Notre sport reste mineur et il permet de rencontrer les « élites » sur les courses, d'échanger avec tout type de compétiteur mais ce facteur social n'est-il pas la chose la plus importante quand on pratique sa passion !

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